Bondavanaland : sur Congo Inc. d'In Koli Jean Bofane - une lecture critique de Pierre

17 Juin 2014, 22:31pm

Publié par Seren Dipity

Isookonga, jeune homme Ekonda, qui vit dans la forêt, avec son vielle oncle. Depuis la mise en place des antennes relais sur le territoire et grâce à une connexion à Internet, il ne rêve que de mondialisation. Il affronte ses ennemis sur le net à travers un jeu de rôle nommé Raging Trade dont le but est de mettre la main sur les matières premières d'un pays imaginaire Gondavanaland. Mais bientôt il décide de partir à Kinshasa pour conquérir le monde. C'est là qu'il rencontre un chinois vendeur d'eau et fait aussi connaissance des Shegués, enfants des rues de Kinshasa. Il est prêt pour la mondialisation. Son rêve prend forme avec la rencontre de Kiru Bizimungu, maître de guerre reconverti. Mais la vie n'est pas un jeu vidéo, n'est-ce pas ?!

Extraits :

« Il allait réfléchir aux choses mise en place pour partir à Kinshasa, là où, au moins on parlait de réseau ou d'absence de réseau, de clés USB, d'interfaces compatibles ».

« L'algorithme Congo.inc avait été imaginé au moment de dépecer l'Afrique ».

Isoo dit « Je suis un mondialiste qui aspire à devenir mondialisateur ».

« Où les hommes ne cessent d'offrir des preuves de leur concupiscence, de leur violence, de leur bêtise et de leur cynisme »
"Simple, mais délicate à appliquer, elle s'intitulait la "règle de la soustraction posément accélérée" et consistait à débiter un homme en morceaux de façon à ce qu'avant qu'il ne se vide de son sang il puisse assister, conscient, au démembrement de son propre corps, son appareil génital dans la bouche."

Et aussi :

A écouter:

Werrason, le roi de la foret.

Wenge musica.

Du même auteur : Mathématiques congolaises.

Pour mieux comprendre:

Sur le site de la RTS:

http://www.rts.ch/docs/histoire-vivante/a-ecouter/2779369-memoires-d-independances-1-5.html

Les enjeux :

Lire l'article sur Jeune Afrique :

http://www.jeuneafrique.com/Article/JA2778p098.xml0/

A mon humble avis :

Magistral. Dès les premières pages on plonge directement dans ce roman avec tous les ingrédients pour un moment parfait. De main de maître l'auteur nous raconte les aventures de ce pygmée qui rencontre la modernité. Avec une pléthore de personnages aussi barrés que le chinois expatrié qui vend de l'eau en sachet, la folle-dingue petite blanche, le maître de guerre reconverti, le fonctionnaire de l'ONU qui dérape, ou Shasha la jactance, femme enfant lucide et féroce. Mais je ne vais pas aller plus loin dans la description des personnages qui font beaucoup pour le charme du roman. C'est une vraie vision de l'Afrique que nous livre cet auteur. On suit les extravagantes aventures d'Isookanga avec délectation. Sans pathos ni nostalgie mais avec une bonne dose d’humour, une approche percutante de la vie africaine vue de l'intérieur sans oublier les passages sur ces terribles guerre internes de cette partie du continent. Lecture finie, on reste sonné par cette profusion d'informations à dimension politique ou tout simplement humaine.

Bravo. A lire absolument.

Signé Pierre

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