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SERENDIPITY

Les Bohémiens* : sur N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures de Paola Pigani - une lecture critique de Pierre

31 Octobre 2014, 14:41pm

Publié par Seren Dipity

Le décret du 6 avril 1940 va bouleverser la vie de la jeune Alba, cette toute jeune fille va passer six années dans le camp des Alliers, près d'Angoulême.

Alba a 14 ans en 1940, lorsqu'elle arrive dans ce camp réservé aux « nomades ».

Elle nous raconte cet enfermement de gens pour qui voyager et être libre est une façon de vivre. Eux qui ont pour seuls biens une roulotte, un cheval et la terre comme lieu de résidence. Entre un père qui dépérit, une mère aveugle qui n'a plus la force de survivre, elle doit se battre pour seulement vivre et manger, tout cela dans des conditions déplorables, la faim, le froid, la promiscuité. Et comme dans chaque communauté les conflits internes. Elle sera confrontée au deuil, à la mort, mais aussi elle rencontrera l’amour et l'amitié. Elle deviendra une « femme » dans ce camp. C’est son histoire et celle des siens « les manouches » qui est racontée.

 

Extraits :

« Les grilles du camp s’ouvrent dans un grincement lugubre. Pour qui n’a pas l’habitude de fermer, de verrouiller, ce bruit aigu provoque presque une douleur.  »

« Lui qui croyait pouvoir tenir le camp et ses internés sous sa protection, conformément à la mission que lui a confiée le préfet, réalise qu'il n'a pas affaire à des asociaux, des illettrés, des indigents de la première heure, mais à des êtres humains dont la fierté n'a d'égale que cette force obscure qu'il ignore.  »

« Le viel oncle soliloque, son violon posé à l'envers sur ses genoux.
- J'savais bien qu'il y aurait rien à gagner à se sauver, j'savais bien.
Rita le fait taire, remet l'instrument à l'endroit.
- Il t'en reste 3 de cordes, c'est pas encore la mort mon vieux !
L'oncle murmure :
- Il m'en reste trois. M'en faut qu'une pour me pendre.
Alba entend ses derniers mots, étouffés dans sa moustache. Elle lui fiche son regard d'enfant dans les yeux, deux larmes luisantes qui le ramènent à la raison quelques second
es. »

« Pour mourir on a tout le temps devant nous, Monsieur le docteur. Pour vivre il faut faire vite  »

«"Les arbres sont comme les hommes. Tous se valent mais ils n’ont pas la même manière de s’élever, d’aller toucher le ciel". »

 

Les personnages:

Alba, qui va passer de jeune fille à femme dans ce camp.

Maria, La mère aveugle, et Louis le père qui a toujours vécu libre avec pour compagnon son cheval.

Les deux frères si différents mais si proches René et Sylvere.

Et plein d'autres...

Et aussi :

Alba a vraiment existé sous le nom d’Alexienne .W. Elle a aujourd'hui 88 ans.

A voir ou à revoir de Tony Hatlif « Liberté », Latcho Drom (1993), Gadjo Dilo (1999) ou Exils (2005).

La musique aussi :

Pour aller plus loin : http://www.fnasat.asso.fr/livres/livres.html

 

A mon humble avis :

Bon, soyons clair ! C'est un roman puissant qui emporte dès la première page. D'abord il y a l'histoire de cette jeune fille à partir de vrais éléments. Puis la découverte du monde des manouches, de ses légendes à ses rites, en passant par cette notion très particulière de liberté et de voyage qui pour un « gadjé » même si elle est surprenante est vraiment intéressante. Et n'oublions pas cette écriture magnifique, où chaque page est un régal avec un style à la fois poétique et lucide. On ne décolle pas de ce livre tellement passionnant qui nous fait réaliser qu'il y a des mondes différents, des cultures différentes, un état d'esprit différent et que ce n'est pas parce que l'on ne connait pas l'autre qu'il faut le rejeter. On peut très bien ne pas adhérer à un type de vie sans pour cela le repousser, chaque homme a sa culture, ses racines, ses coutumes et gardons-nous de hiérarchiser cette immense richesse.

A lire absolument.

Signé Pierre.....

_________________________

* par Catherine Ringer ICI?

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