Au ban du monde ou sur un banc : les choix de Laurent Graff
Laurent Graff m'a écrit à la suite de mon article sur son dernier, excellent, receuil de nouvelles. J'en ai profité pour lui poser la question rituelle à la fin de nos entretiens.
Avant sa réponse , je vous invite une nouvelle fois à écouter l'entretien avec Angelier sur France Culture que vous pouvez télécharger ici (merci à Claude Tarrène pour le lien.)
Donc, à la question, quels sont les 5 livres que vous emmèneriez sur l'île déserte qui orne la couverture de Voyage, Voyages(ou sur un banc public au bord d'un chemin), Laurent Graff apporte une réponse géniale* :
"Pour répondre à votre demande, j'aurais tendance à dire cinq livres que je n'ai pas lus, mais je crois que ce n'est pas tout à fait le but de la question.
Donc, j'emporterais mon livre de chevet pour ne pas être trop dépaysé, La Faim, de Knut Hamsun. Je crois aussi que j'aurais plaisir à relire, sous un cocotier, L'Ecume des jours. Et puis, ça s'impose, En attendant Godot. Qui s'impose tout autant : le Tao-tö King de Lao-tseu. Pour finir, Les Fleurs du mal."
"Et vous, si je peux me permettre ?
Mes amitiés,
Laurent G."
« En six volumes, tous publiés aux éditions Le Dilettante depuis 2000 ("Il est des nôtres","Les jours heureux","Voyage, voyages","Le cri","Il ne vous reste qu'une photo à prendre", "Selon toute vraisemblance"), Laurent Graff,à la suite duBartleby de Melville ou du Mars de Fritz Zorn, est devenu une des voix les plus singulières de la littérature actuelle. Partant du constat d'un déficit radical et d'un naufrage initial de l'humaine nature, il met en place, par personnages et récits interposés, plusieurs procédures de distanciation (dans le monde, sans être du monde, depuis des endroits-miradors : café, banc, cabine de péage)ou d'échappées (le sexe, la fuite sans but). On voit ainsi ses créatures partir à pied vers d'improbables destinations, s'immobiliser dans une contemplation infinie, exploser en un cri final. Une aventure intérieure qui ne peut qu'aboutir à une mort acceptée ou à un état d'extase douce, proche du non-agir taoiste. »François Angelier, Mauvais Genres du 27 mars 2010
Le lien pour l'interview complet :
http://www.yousendit.com/download/bFFNeFlha0Q5NVZjR0E9PQ
Signé Stéphane
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* C'est, avec la réponse d'Umberto Eco, la meilleure réponse que j'ai entendu à cette question.