Bip, bip* : sur Le Signal de Ron Carlson - une lecture critique de Stéphane
Ce fût le roman de la délivrance (souvenez-vous du film - l'allusion n'est pas gratuite!) après des pages et des pages et des pages (parfois laborieuses, vous l'aurez compris) de romans français. Je venais de lire une douzaine de romans pour le Prix Landerneau... On venait de m'annoncer que je devais encore en ajouter trois... puis deux (les derniers, ajoutés ceux-là, par Rufin lui-même) J'ai craqué : je me suis offert des vacances à l'étranger.
A la sauce Gallmeister.
Du grand air, voilà ce qu'il me fallait.
J'allais être gaté!
Le livre m'attendait avec sa belle couverture, soignée comme d'habitude, et des belles promesses ("un roman au suspense à couper le souffle" dixit le NY Times !)
Ce n'est pas réellement un roman au suspense à couper le souffle. Non (notez d'ailleurs qu'il sort dans la collection Nature Writing et non la Noire de Gallmeister). C'est un roman magnifique, ça oui.
La randonnée -la dernière- de ce couple déchu est de pure beauté. Entre illusions perdues et espoir vain, ils montent pour célébrer le passé et la beauté de la montagne.
Située dans le Wyoming Wind River Range le roman déroule des paysages aussi sauvages et rudes que le sont les émotions et les relations entre les deux personnages, Mack et Vonnie.
Mack n'est pas là que pour la randonnée et la nostalgie : il a été chargé par un truand de retrouver les restes d'un engin, qui émet un signal.
Et surtout, ils ne sont pas seuls dans ces montagnes.
Découpé en six journées, le roman s'offre des tempos qui épousent le relief et vont de la lente ascension à la cavalcade pour sauver sa peau, en passant par des pauses où le passé ressurgit.
Voici l'incipit :
"Il enchaîna les grandes boucles que dessinait la piste à travers la haute forêt de trembles, puis traversa la vaste prairie jusqu'à la lisière des pins, au point de départ du sentier de Cold Creek, et gara le vieux pick-up Chevrolet bleu de son père à côté de la pancarte déglinguée, dans la douce lumière crépusculaire de septembre."
Le roman est simple et efficace. C'est déjà beaucoup, non?
Ron Carlson, Le Signal (The Signal, traduit par Sophie Aslanides)
Signé Stéphane
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* Le titre de l'article renvoie évidemment à une fameuse chanson de Joe Dassin.