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SERENDIPITY

Bogota/Cuba : caramba! : sur Contrebande de Serpa et Un mal sans remède de Caballero - une lecture critique de Jean-Philippe

17 Novembre 2009, 20:54pm

Publié par Seren Dipity

Un mal sans remède de Antonio Caballero

(Ed. Belfond )

 

et

 

Contrebande de Enrique Serpa

(Ed. Zulma)

 

 

 

Il m’arrive souvent de lire plusieurs romans en même temps, parfois on trouve des connections entre deux romans qui n’ont rien a voir. Dans ce cas précis il y a quelques points communs évidents, les deux sont écrits en espagnols, Colombie pour Un mal sans remède et Cuba pour Contrebande. Les deux romans sont des premières traductions en français d’œuvres réputées dans leurs pays respectifs et publiées depuis plusieurs décennies, en 1984 pour le Caballero et 1938 pour le Serpa.

A priori se sont les seules similitudes entre ces deux ouvrages mais il existe un passage quasi identique, dans chaque roman le personnage principal finit dans le lit d’une prostituée après une nuit fortement alcoolisée. C’est plus sordide dans Contrebande, et plus décalé dans Un mal sans remède, mais la proximité de ses deux scènes m’ont rendu la lecture de ses deux romans indissociables.

 

 

L’action de Contrebande se situe dans La Havane des années vingt. Un jeune propriétaire d’un bateau de pêche se décide à faire de la contrebande d’alcool sous l’impulsion du capitaine du bateau, que l’on surnomme Requin. En commençant la lecture on s’attend à un roman d’aventures mais ce n’est pas vraiment ça. Serpa se concentre sur la confrontation entre le narrateur (propriétaire du bateau) et Requin, opposant leur caractère, l’un est lâche et ombrageux, l’autre est charismatique et énigmatique. C’est aussi la description d’une ville et d’une époque, le contexte social a son importance et on sent les prémices de la révolution.

La plupart du temps on est plongé dans les doutes et les tourments du narrateur, et si l’action progresse peu on est toujours captivé grâce à l’acuité du regard de Serpa et son sens de l’humour et de la dérision. Le seul bémol est la fin, un peu abrupte, on en aurait bien repris pour cinquante pages de plus.

 

 

Un mal sans remède se déroule dans le Bogota des années soixante. Ignacio Escobar est un homme de trente ans, oisif, qui vit aux crochets de sa compagne et de sa mère. Il ambitionne a ne rien faire et a écrire de la poésie, c’est un être irritable et peu sympathique (tout comme le narrateur de Contrebande, une autre similitude). Une violente dispute éclate entre lui et sa compagne, et Ignacio commence à errer dans les rues.

Il est difficile de résumer Un mal sans remède, roman hors norme et hallucinant, à l’humour cynique et ravageur, qui ne cesse de prendre des bifurcations, on ne sait jamais vraiment où tout cela va nous mener, mais une fois terminé on a le sentiment rare d’avoir lu un véritable ovni littéraire.

C’est l’unique roman écrit par Antonio Caballero, qui fut dessinateur, chroniqueur et journaliste, comme Enrique Serpa, bon, j’arrête là les analogies.


Signé Jean-Philippe
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