Getting better* : sur Beau parleur de Jesse Kellerman - une lecture critique de Stéphane
Troisième roman traduit en français de Jesse Kellerman, après Les Visages (ICI) et Jusqu'à la folie (ICI), Beau Parleur (The Executor), traduit par Julie Sibony, comme les deux précédents, est en fait le quatrième roman de Kellerman, écrit après Les Visages.
Si on avait donc pu trouver des excuses aux faiblesses de Jusqu'à la folie publié après mais écrit avant, on ne peut pas en dire autant de Beau parleur. D'ailleurs, il est amusant de remarquer que Jusqu'à la folie pourrait être le titre de Beau parleur...
Joseph Geist est étudiant en philosophie, travaillant sur une thèse qui n'en finit pas. Sa vie bascule lorsqu'il est jeté dehors par sa compagne, et exclu de son statut de thésard. Il n'a plus rien et cela semble presque lui aller, lui qui s'enorgueillit de ne rien posséder (c'est un philosophe), excepté son demi portrait de Nietzsche, acheté en Allemagne. Après des semaines à zoner d'appartement en appartement, il répond à une petite annonce curieuse. Une vieille dame cherche un interlocuteur pour discuter. Leur rencontre se passe à merveille, et ce job en or pour Joseph qui n'est que paroles, paroles, paroles se transforme en mine d'or quand la délicieuse Alma Spielman lui propose d'emménager dans la belle maison qu'elle occupe. Elle a une bibliothèque à tomber par terre.
Il accepte.
Tout roule jusqu'aux visites d'Eric, le neveu, zonard qui n'est intéressé que la par la fortune de tante Alma. Quand ce dernier laisse entendre à Joseph, que le décès de la vieille pourrait transformer Joseph en propriétaire de la maison (et de la bibliothèque) et Eric en homme riche, tout commence à basculer... jusqu'à la folie.
Ca débute comme ça :
"Je possédais alors la moitié de la tête de Nietzsche. C'est la seule chose que je considérais comme m'appartenant réellement et, le soir où Yasmina me jeta dehors, ce fut le dernier objet que je récupérai avant de gagner la porte et de me retourner pour lui faire part de mes conclusions définitives."
Bon, si ce n'est pas encore très clair, je n'ai pas adoré Beau parleur. En fait j'ai beaucoup apprécié la première partie (avec la tante Alma Spielman) mais j'ai trouvé que ça piétinait vraiment trop dans la seconde et que les qualités d'orateur de Joseph Geist devenaient verbiage sous la plume de Kellerman.
En gros Jesse Kellerman n'est jamais aussi bon que lorsqu'il ne fait pas du polar.
Je ne vais pas gâcher le plaisir des lecteurs en révélant l'intrigue mais Beau parleur n'est pas toujours à la hauteur du bel écrivain que l'on avait découvert avec Les Visages.
Signé Stéphane
Jesse Kellerman, Beau Parleur (The Executor), traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Julie Sibony, lu (audiobook) par l'excellent Kirby Heyborne. Ed. des Deux Terres pour l'édition française.
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* Bon, le titre renvoie davantage au sort du héros qu'au plaisir procuré par Jesse Kellerman.