"I was a pentapod monster but I loved you"* : sur Des Fleurs pour Zoë d'Antonia Kerr - une lecture critique de Stéphane
La bande rouge estampillée Gallimard annonce : Une tornade de 22 ans !
En voyant ça, j'ai pensé : ça me changera de ma tornade de 22 mois! Je parle de mon fils, le petit dernier - pour ceux qui ne connaissent pas, c'est un mini-moi intrépide et rigolo comme son papa**.
Bref.
Et dès le début du livre qui raconte l'épopée érotico-comique d'un couple étonnant je me suis demandé pourquoi ce titre. Franchement ce n'est pas une chose que je me pose souvent. L'explication du titre, si il en faut une (et pourquoi en faudrait-il une?) vient bien assez tôt.
Non. C'est juste que j'ai bien lu Gérard Genette et que cela m'a perturbé. La quatrième de couv' m'apprend que l'auteur est née en 1989. Ça tombe bien, de toutes les années de ma vie, c'est ma préférée.
Vraiment.
Pourquoi? Culturellement, sentimentalement, et pleins-d'autres-mots-finissant-par-ment.
L'année 89, donc, fut également l'année de la découverte de Lenny Kravitz (très tôt dans mon cas, grâce à Antoine Decaunes*** qui, à l'époque, animait BABEBIBOBU sur RFM avec Karl Zéro et Monsieur Albert et faisait découvrir aux auditeurs des nouveautés des Staiiiites) et, bizarrement, Lenny Kravitz a écrit une chanson qui porte ce titre là : Flowers for Zoe.
Ca me turlupine, comme dirait Rocco.
A part mes doutes existentiels dont vous vous foutez probablement, ce petit roman est une assez bonne surprise... Je n'irais pas jusqu'à dire TORNADE (d'ailleurs la tornade, c'est qui? l'auteur ou la jeune héroïne?) mais un vent bien frais qui nous apporte une histoire d'amour qui n'est pas cul-cul la praline... La libido de l'héroïne de 22 ans est d'ailleurs l'occasion de quelques bons passages dans le roman... Faut préciser que son amant Richard a 60 ans et que son désir pour la jeune fille excède bien souvent ses capacités physiques... Même si le décalage de générations est souvent le moteur du roman :
"Comme moi, elle ne parvient jamais à atteindre l'objectif des huit heures de nuit paisible, mais je crois qu'il est impossible de comparer la dérive d'une jeune barque à celle d'une épave : je me retourne vers le passé tandis qu'elle regarde son avenir avec les yeux inquiets d'une biche perdue dans la forêt."
(Une biche qu'on retrouvera plus loin, et qui ne sera plus une image)
Le petit problème c'est que pendant toute la lecture, je ne pouvais m'empêcher de penser à Lolita de Nabokov... L'oncle de Zöé, qui présente la belle à Richard, s'appelle John-John : à partir de là, c'était foutu. Humbert-Humbert faisait de l'ombre à Richard. Nabokov à Antonia Kerr. Avec le côté voyages à travers les Etats Unis en plus - ça faisait un peu trop (ou pas assez -c'est selon.)
Même si elle réussit un bon roman, la comparaison vient partiellement gâter notre plaisir avec un arrière goût de déjà-vu.
Le roman s'ouvre ainsi :
"J'arrive à l'âge où l'on commence à penser à écrire ses mémoires, après avoir un temps envisagé la conception d'un arbre généalogique."
Signé Stéphane.
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* tiré de Lolita, Vladimir Nabokov.
** j'ai lu ce roman cet été, à peu près au moment où mon fils s'est ouvert le front dans un magasin où il avait improvisé une course avec sa mère. Sa mère a perdu. Le petit a perdu son front lisse et immaculé.
*** Puisqu'on parle de Decaunes, sachez que Le Dictionnaire Amoureux du Rock (chez Plon, dans la collection Dico Amoureux de...) sort enfin à l'automne 2010, après plusieurs mois de retard. Finalement, c'est donc Decaunes et non pas Manoeuvre qui s'y colle... Le grand Manoeuvre se venge en faisant une discothèque idéale du rock français... On reparlera de tout ça!