Crooked world : sur Le Retour de Silas Jones de Tom Franklin - une lecture critique de Stéphane
Une histoire de gosses, un blanc et un noir, qui commence dans le Mississippi à la fin des années 70. Les relations entre les deux communautés sont toujours un peu tordues : ça tombe bien - c'est la manière dont on se servait pour expliquer l'orthographe du Mississippi. M, lettre tordue, lettre tordue, I, etc.
Le titre original est, donc, Crooked letter, crooked letter. C'est un roman brillant, palpitant et un grand plaisir de lecture.
Silas Jones, le petit noir, ancienne star de base-ball, est devenu le flic désoeuvré qui s'occupe de la circulation du bled, Chabot, en pleine décrépitude.
Larry Ott, le petit blanc est devenu, après avoir été le mal-aimé solitaire, le monstre soupçonné d'avoir violé, tué et fait disparaître une jeune fille, et le garagiste que personne ne visite. Quand le roman débute, une nouvelle jeune fille a disparu. Les soupçons vont rapidement se tourner vers celui qu'on appelle Scary-Larry (Larry le Pourri, en français - l'excellente traduction du roman est assurée par Michel Lederer, habitué aux grands auteurs d'Albin que j'adore : Sherman Alexie, Brady Udall, Joseph Boyden et, ailleurs, excusez du peu, l'immense Rick Moody).
L'ouverture plonge le lecteur dans un roman à la Stephen King, auteur préféré du Pourri :
" La fille des Rutherford avait disparu depuis huit jours quand, rentrant chez lui, Larry Ott trouva un monstre qui l'attendait."
L'enquête va se doubler d'un voyage et d'une quête de la vérité dans le passé. Que dire de plus sans trop en révéler? Rien. C'est un roman d'une force incroyable, qu'Albin Michel aurait pu sortir dans une collection policière, d'ailleurs Tom Franklin a reçu, l'an dernier, le Gold Dagger Prize de la CWA (Crime Writer's Association). Avec le souffle chaud et moite du sud en prime et une construction très efficace.
A ne pas rater, vraiment.
Je crois que je vais faire comme un client à qui j'ai conseillé Le Retour de Sillas Jones : je vais commander les autres, en essayant de ne plus me poser cette question honteuse - comment ai-je fait pour ne pas découvrir Tom Franklin avant?
Signé Stéphane
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