Tout ce qui brille... sur Scintillation de John Burnside - une lecture critique de Jean-Philippe
Scintillation
de John Burnside
Ed. Métailié
John Burnside est un écrivain écossais à qui l'on doit déjà quatre romans traduits en français, dont j'avais déjà parlé sur le blog (« la classe écossaisse » ICI). Tous ses romans sont des merveilles et Scintillation ne déroge pas à la règle.
John Burnside avait commencé par un coup d'éclat avec La Maison muette, premier roman aussi effrayant que poétique, qui racontait l'histoire d'un père qui faisait des expériences sur ses jumeaux.
Son second roman Une Vie nulle part se passe dans les années soixante dix dans une petite ville sidérurgique d'Angleterre,avec deux adolescents comme personnages principaux, qui essayent de trouver une place dans le monde. Le style est sublime, avec des références à l'univers des contes, et c'est peut-être mon roman préféré de Burnside. Avaient suivi Les Empreintes du diable, toujours avec des références aux contes, et Un Mensonge sur mon père, roman autobiographique et très touchant.
Son nouveau roman est son plus noir et son plus oppressant depuis La Maison muette avec lequel il partage pas mal de similitudes.
Dans une ville délabrée, dominée par une usine chimique abandonnée, des enfants disparaissent dans des conditions mystérieuses. Pour les autorités locales se sont des fugues. Pour Léonard un adolescent qui vit seul avec son père malade, ce sont des meurtres. Léonard est un jeune garçon atypique qui essaye tant bien que mal de survivre dans un contexte hostile, où tout est contaminé par cette usine. Beaucoup d'adultes sont malades, les rats et les chats sont sujets à des mutations. Son seul refuge est la bibliothèque, avec Proust et Melville comme héros. Et puis il y a Elspeth, jeune fille très belle et peu farouche qui a une liaison avec Leonard.
L'anbiance est étrange et malsaine, la lecture étouffante. On est happé par la noirceur du récit et sa profonde originalité, touché par le personnage de Léonard. Certains passages sont extrêmement violents, mais le roman n'est jamais complaisant. Burnside est un immense écrivain qui illumine son œuvre de poésie et d'onirisme, et on finit la lecture bouleversé.
Signé Jean-Philippe.