L’autre face du parrain : sur Orgasme à Moscou d’Edgar Hilsenrath - une lecture critique de Jérémy
Dès le prologue, on nous met dans le bain! L’auteur nous présente les personnages principaux. Un parrain de la mafia, Nino Peperroni, dont la ressemblance avec Moshe Dayan, militaire et homme politique israélien, est trompeuse. Sa fille qui se dit journaliste alors qu’elle n’a jamais écrit d’article. Un juif russe, un homme peu recommandable et un avocat.
Le pitch est simple... quoique! 1970, entre États Unis et Russie la guerre froide n’est qu’a ses débuts. Dans cette atmosphère, la fille du parrain de la mafia décide d’aller interviewer Brejnev et Kossyguine. Une semaine passe, puis deux. Les semaines deviennent des mois et elle revient enfin aux États Unis enceinte de cinq mois. Son père devient hystérique, un enfant hors mariage va naître, illégitime, menaçant l’image de la famille. Sergeï Mandelbaum, juif, est le responsable du premier orgasme de la fille mais aussi de sa grossesse. Nino Peperroni a de l’argent, il va décider de le faire venir de Russie afin qu’il se marie avant que l’enfant naisse. Malheureusement il y a un hic, il est listé au KGB et cela l'empêche de sortir du pays. C’est alors qu’il fait appel au meilleur extracteur du monde, l’homme qui peut faire passer les frontières à n’importe qui. Mais là encore, un problème persiste. Cet homme, en plus d’être homosexuel, est aussi un dépeceur sexuel qui garde bien au frais des parties génitales d’hommes. Bien qu’il soit l’homme de la situation, le fait que cet individu puisse être avec son futur gendre dans les buissons, la nuit, passant les frontières russe ne l’emballe pas plus que ça. C’est alors qu’arrive Slivovitz, son génialissime avocat, qui va inventer «le plan le plus fou de l’histoire contemporaine de la castration»!!!
Superbe roman avec un fond historique, surtout du côté de la Russie, des années 70. L’humour, noir, c’est drôle, très drôle. Le parrain est débile à souhait. Il est obligé d’aller chercher dans le dictionnaire la définition du mot orgasme, et ne comprend pas trop ce qu’il se passe autour de lui. Les dialogues sont dynamiques et bourrés de jeux de mots, de répétitions qui ajoutent un côté burlesque. D’ailleurs on pourrait prendre ce roman comme une pièce de théâtre en cinq actes (qui composeraient les cinq parties du roman). Il est entrecoupé de différentes illustrations d’Henning Wagenbreth relatant certaines scènes comme celle où Maria Peperroni, la fille du parrain, lui raconte son premier orgasme.
«La réaction en chaîne provoqué par l’orgasme d’Anna Maria confirme cette thèse : La découverte de l’orgasme féminin au XXe siècle entraînera immanquablement la fin du monde.»
Le livre qui m’a apporté le plus de plaisir à sa lecture depuis le début de l’année!
Signé Jérémy