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SERENDIPITY

Mehr licht!* : sur Sombre dimanche d'Alice Zeniter - une lecture critique de Pierre

4 Juillet 2013, 10:17am

Publié par Seren Dipity

Budapest, de 1978 à nos jours. Non loin de la gare, Imre habite une maisonnette entre les rails. Il nous raconte son histoire et celle de sa famille. Son grand-père blessé « par Staline », son père « le russkof » enfant triste et solitaire marié par hasard. Et lui, Imre Mandy, qui découvre le monde comme beaucoup d'adolescents de cette génération pour qui «se taper des Californiennes était la seule revanche valable sur l’Histoire après plus de quarante ans d’occupation russe». A travers l'histoire de cette famille où chacun d'eux est l'histoire d'un peuple. Quand l'histoire s'entête entre première et seconde Guerres Mondiales, nazisme, communisme, stalinisme, kadarisme, libéralisme. Il trimballe sa vie de rêve californien à une épouse allemande, de job dans un sex-shop à un boulot de photocopieur. C'est l'histoire de vies au bord de l'Histoire comme beaucoup dans ce monde.

 

Extraits :

«La Seconde Guerre mondiale [qui] avait été un chaos total durant lequel le pays avait servi de parc à thèmes aux Hongrois, aux Allemands et aux Russes qui l'avaient tour à tour contrôlé. Chacun avait eu son temps de barbarie et chacun en avait usé.»

«Je croyais quand j'étais plus jeune qu'en vieillissant on arrivait à la sagesse mais c'est des conneries. On arrive rien qu'à vieillir. On devient un animal qui pleure. J'ai l'impression que je pourrais pleurer toujours. Quand j'essaie de repenser à ma vie, je suis incapable de déterminer si j'étais heureux ou malheureux. Tout ce que je vois c'est que les années ont passé et que les années passées sont des années mortes. Ça me donne envie de pleurer, cette mort partout dès que je veux me souvenir de quelque chose.»

«Et Pal comprit que si l’année 1956 avait été si longue et si terrible, c’était parce qu’elle avait duré jusqu’en 1961.»

«Ceux qui ne sont pas satisfaits émigrent, disait le grand-père. C'est bien. C'est mieux. Avant ils se pendaient. C'était l'émigration à la hongroise.»

 

Les personnages principaux :

Imre Mándy, le narrateur, enfant de la Hongrie d'aujourd'hui.

Le grand-père, Imre blessé pendant l'insurrection de 1956 , par « la main de Staline »qui commémore l'anniversaire de la mort de sa femme par une cuite phénoménale.

La grand-mère Sara, morte dans de triste circonstance.

Pál, le père, enfant d'un viol, « le russkof ». Un silencieux .

Ildiko, la mère, guichetière au national à la gare de Budapest-Nyugati dont le rêve et de passer à l'international.

Agnés Ági, la sœur ainée amoureuse un temps d'un professeur de français.

Zsolt, le copain d'enfance, le littéraire, devenu écrivain et poète .

Les sœurs de Pál, Panka et Eszter.

Kristin, la petite amie allemande et sa sœur Monika, la provocatrice .

Greta , la petite fille.

Et quelques autres...

 

Et aussi :

Pour manger des « làngos ».(Le paprika 28 avenue Trudaine, 75009 Paris).

Boire un petit verre de pálinkà l'abricot ou d' Unikum

Rezsö Seress est le compositeur de « Sombre dimanche », la chanson éponyme.

A écouter :

http://www.youtube.com/watch?v=48cTUnUtzx4 par Billie Holiday.

Tester les Bains Lukács à Budapest.

Dans un autre style «Hongrie-Hollywood express » de Eric Plamondon sur un certain Johnny Weismuller.

Pour les plus courageux ou pour les plus curieux :

 

A mon humble avis :

J'avoue qu'au premier abord, on peut avoir un a priori sur un Prix du Livre Inter, mais comme les critiques étaient assez bonnes. Pourquoi pas ?

Eh bien, c'est avec une écriture et un sens de la phrase que ce roman nous raconte l'histoire de cette famille hongroise. Mêlant l'histoire de la Hongrie et la vraie vie de ces gens qui ont traversé une époque sinistre. Le talent de l'auteur est de nous faire découvrir l'histoire avec un grand H et les vies de ces hommes et de ces femmes. Une subtile description de cet avant et après communisme. Poétique et sombre certainement, mais si bien écrit. Avec ce brin de nostalgie un peu décalée, une tendre mélancolie et un brin d'humour. Pour une lecture instructive et poétique. A lire absolument.

Signé Pierre.

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* Dernières paroles de Goethe.

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