La 23ème preuve : sur Le Cinquième témoin de Michael Connelly - une lecture critique de Stéphane
Sauf erreur, c'est le 23ème roman de Connelly en 21 ans. D'impressionnant, le palmarès peut devenir suspect. Naan? Ouais, bah moi je trouve ça suspect... ce qui est, c'est vrai, un peu con : est-ce que la rapidité avec laquelle les Beatles sortaient des albums dans les années 60 altéraient la qualité*?
D'ailleurs cette question sur quantité/qualité, je ne me la pose que depuis que je suis libraire. Ca doit être à cause de Nothomb, Gallo, Levy, Musso...
Alors? Connelly, arrive-t-il encore à assurer? Naan?...
Eh bien, si. Bon Harry Bosch est au bout de sa carrière de flic, c'est vrai...(le prochain a pour titre The Drop!) Mais les lecteurs sont attachés au personnage. Et maintenant, depuis quatre romans, on a le petit, demi-frère de Harry : Mickey Haller, avocat de la défense (passé, le temps d'un excellent Volte-face ICI, du côté du Peuple, dans le bureau du District Attorney)
Encore un changement ici puisque celui que l'on connait sous le nom de 'Lincoln Lawyer' (l'avocat à la Lincoln) ne travaille plus dans sa célèbre voiture mais dans un bureau. Rassurez-vous, ça rock encore.
L'autre Mickey, Michael Connelly, a toujours la grande forme!
On retrouve Haller alors qu'il s'est spécialisé dans la défense des nombreux foyers sous le coup de saisie immobilière. Le marché représente un sacré créneau : la Californie est un des états les plus touchés par ce que Connelly appelle une "épidémie".
Une des clientes de Haller, Lisa Trammel, également menacée de saisie et qui vit seule avec son fils après le départ de son mari, a décidé de se battre en militant activement contre les banques complices. Quand elle est accusée du meurtre brutal du responsable de la banque en charge de la saisie, elle demande à Mickey Haller de la défendre. L'affaire s'annonce mal quand des preuves scientifiques s'accumulent contre elle.
La seule bonne nouvelle, c'est le côté médiatique de l'affaire qui promet d'être juteux.
"Je savais que l'affaire allait attier l'attention. L'épidémie de saisies immobilières était la plus grande catastrophe financière du pays, et ça continuait. Cela pouvait donner lieu à un livre, voire un film qui, peut-être, me permettrait d'être payé."
La différence d'un Bosch et d'un Haller, c'est le passage à la première personne. Et ça change tout. La vie sentimentale de Haller qui n'est pas très simple vient s'ajouter aux plaisirs d'avoir les réflexions de Haller sur la manière dont il défend son client. Je dois être un indécrottable romantique mais quand Mickey arrive à emballer son ex, je suis content pour lui.
Polar judiciaire donc (a priori pas ma came) mais Connelly use de tout son talent pour faire de la cour, le lieu de combats passionnants. Brillamment lu par Peter Giles (quelques Connelly à son actif, notamment la série Mickey "Lincoln Lawyer" Haller), le roman est bourré d'excellents passages, de rebondissements et de punch lines dont Connelly a le secret. Et ça marche.
Ca marche même sacrément bien. Alors ne vous privez pas d'un excellent polar. De belles surprises vous attendent.
Quel type, ce Connelly tout de même!
Signé Stéphane
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* la question n'est pas purement rhétorique et on peut très facilement imaginer une réponse, de quelqu'un un peu moins fan que moi, soulignant que les meilleurs albums (les derniers) sont sortis un peu moins rapidement que les autres (les premiers).