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SERENDIPITY

Aube Rouge A Grozny : sur Une constellation de phénomènes vitaux d'Anthony Marra - une lecture critique de Pierre

17 Février 2015, 09:00am

Publié par Seren Dipity

Nous sommes en Tchétchénie entre 1994 et 2014. Havaa, huit ans, fuit sa maison brulée par les russes. Son père vient d’être enlevé, elle est seule. Akmed, son voisin la recueille et pour la protéger l’emmène au seul endroit qu’il croit sûr : l’hôpital No 6 , où ils rencontrent Sonjaa, femme médecin qui a quitté Londres pour revenir soigner les blessés. Sonjaa aussi a une triste histoire avec sa soeur Natasha qui revient de loin (drogue, prostitution entre les mains des mafieux régionaux). Pendant cinq jours, ces trois là vont se côtoyer, apprendre à se connaître et partager leurs souffrances. En quelques jours, on traverse l’histoire de ce pays à travers les flash back de chacun, on apprend à connaître cette région du monde marquée par ces deux guerres terribles.

Les personnages principaux :

Havva, la petite fille devenue orpheline.

Akmed et sa femme.

Sonja, la femme médecin. (Seul médecin de l’hôpital No 6)

Natasha, la sœur de Sonja au lourd passé.

Le vieux militaire Khassan qui n’a toujours pas fini son livre de 3000 pages sur les origines de la civilisation Tchétchène.

« Il avait parcouru son chemin de sang à travers l’Ukraine, la Pologne et l’Allemagne. Il avait reçu deux balles dans la cuisse gauche, perdu trois compagnons morts de froid, tué vingt-sept nazis par balle, quatre au couteau, trois à mains nues, combattu sous cinq généraux, libéré deux camps de concentration, entendu les innombrables voix des anges dans le tonnerre des mortiers, et chié sur la commode de Reichstag pour fêter à sa manière la défaite de l’Allemagne nazie. »

Ramzan, le traitre qui a opté pour la dénonciation. ( Est-ce par hasard que ce personnage a le même prénom que le président, désigné par Poutine ) de cet état?

Extraits:

« Quand Ramzan avait l’impression d’être un criminel, il se souvenait qu’un pays sans loi était un pays sans crime. »

« Tu es ma chair. Je te reconnais comme mien. Nous enroulons nos âmes à nos misères mutuelles. C'est cela qui fait de nous une famille. »

« C’était peut-être là que l’Histoire avait atteint son ère ultime. Une civilisation sans classe, sans propriété, sans état ni loi. Peut-être était-ce aujourd’hui le point final. »

« -Tolstoï était ici, il y a deux siècles, déclara Akhmed. Il y avait déjà une guerre. Et il a écrit un roman sur ce sujet (…) Le livre s’appelle « Hadji Mourat ».

« Selon la tradition populaire, Dieu avait éparpillé les ethnies sur la terre avec une salière, mais celle lui avait échappé des mains au dessus du Caucase et ainsi quelques grains de chaque peuples avait atterrie dans ses vallées. »

Et aussi

A lire ou à relire :

A écouter :

 

Pour allez plus loin :

A mon humble avis :

Attention, chef d’œuvre. C’est un premier roman sublime. Au travers des vies de ces quelques personnes, c'est une revisitation de l'histoire de ce pays plombé par deux guerres. Mais se pose aussi la question des identités nationales ou particulières.

Sans pathos, sans emphase avec une superbe sobriété on entre dans la vie de ces hommes et de ces femmes qui vivent la guerre et la barbarie. Chacun des personnages apporte un vécu particulier et une histoire, de la petite fille enfant de la guerre aux deux sœurs russes et tchétchènes, ainsi que tant d'autres qui souffrent, se battent, ou tout simplement subissent la contrainte d'une vie parsemée de la constellation de phénomènes vitaux. Vivre en paix un jour peut-être.

A lire absolument.

Signé Pierre

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