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SERENDIPITY

Douce France* : sur Les Anges meurent de nos blessures de Yasmina Khadra - une lecture critique d'Arnaud

12 Septembre 2013, 08:41am

Publié par Seren Dipity

J'ai commencé à lire Yasmina Khadra alors que l'on ne connaissait de lui que ce pseudo...
C'était l'époque des éditions Baleine, éditeur parrainé et poussé par des auteurs de polars sociaux reconnus, et d'autres en passe de le devenir.
C'est à cette époque que sont sortis les différents opus des aventures du commissaire LLOB, dans une Algérie dure, meurtrière, hésitante entre la démocratie habituelle ou le parti politique religieux (le FIS, soutenu par le GIA) 
Les enquêtes étaient à cran, le régime sans espoir, les journées sans lumière et l'écriture sans concessions.
Comme le dit lui-même l'auteur: "Llob est un incorruptible, dans un Alger dévoré par le fanatisme et les luttes de pouvoir. Son Algérie saigne à plaies ouvertes et cela révolte le commissaire. Llob n'hésite donc pas à prendre le risque de fouiner dans les hautes sphères de la société, ce qui lui vaut bien vite la sympathie du lecteur"
 
Après avoir révélé qui il était vraiment (un militaire de l'armée algérienne), Yasmina Khadra a continué son oeuvre, plus exclusivement littéraire, dénonçant toujours les idées reçues, les bêtises des comportements politiques et donc humains, à travers le terrorisme et autres dérivées d'un extrémisme qui ne résout jamais rien....
 
Avec ce dernier roman Les Anges meurent de nos blessures, l'auteur a légèrement voulu changer la donne.
Ce n'est pas un conte de fée, loin de là, mais il a voulu, raconter une histoire, comme à son habitude dont l'issue n'est pas forcément heureuse, mais dans un contexte historique, politique et social qui le serait un peu peu plus.
L'entre-deux guerres, les années 20 et 30, en France, donc en Algérie française, se révèlent plus optimistes. C'est dans ce contexte que naît et va évoluer Turambo.
D'une famille on ne peut plus démunie, les différents déménagements parfois forcés, vont le conduire sur le succès de la réussite sportive à travers la boxe.
A la force de ses poings, et d'un entourage à peine choisi, il va gravir les échelons un à un jusqu'à atteindre un niveau de reconnaissance nationale. Bien sûr, si la progression se fait lentement, match après match, rencontre après rencontre, étalonnée par d'autres rencontres plus naturelles de la vie, c'est à dire les femmes, la chute va être directe et sans ménagement.
Comment? Pourquoi? C'est la trame de ce roman bien sûr, qui en plus de cette Histoire révèle de nombreuses qualité de l'auteur, pour ceux qui en doutaient encore.
 
La première partie de l'ouvrage recèle de nombreuses descriptions, de nombreuses métaphores, périphrases, comparaisons, toutes mieux choisies les unes que les autres afin de rendre compte de la réalité sociale du personnage (oui, on s'y croirait dans ces faubourgs de cités algériennes). Ces effets s'estompent sans qu'on y prenne garde afin de mettre un peu plus en valeur la trame elle-même et nous conduit même à apprécier la description, la technique et l'intérêt d'un sport, la boxe (qui n'en représente guère, d'habitube, pour moi, d'intérêt) le tout en nous faisant bénéficier de l'ambiance de l'époque, durant laquelle les algériens sont des "bicots" ou des "bougnouls" quand ils ne se comportent pas comme on le voudrait, mais sont des champions s'ils peuvent rapporter un peu d'argent à la maison.
 
Sans rien dénoncer que la triste réalité, sans rien raconter d'autre qu'une histoire d'une réussite que l'on pourrait qualifier de commune (l'histoire et la réussite), Yasmina Khadra nous embarque et nous oblige à dévorer son livre, et nous fait comprendre, pourquoi il est, à chaque sortie d'une de ses nouveautés, dans les meilleures ventes (largement méritées) de livres.
 
Signé Arnaud
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* Carte de Séjour
 
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