MADE IN FRANCE (sur La Promesse du feu de Mikael Ollivier et Tokyo des Ténèbres de Viviane Moore)
Après le polar à l'américaine façon Stevens et son monumental
Au-delà du mal, un petit détour du côté des frenchies nous fera du bien. Bacchus merci, il n'y a pas en France que Grangé (nouveau roman sorti en septembre chez Albin- Non, merci : je ne
lis plus Grangé depuis au moins 4 ans) et Chattham (tome 2 à paraître en novembre, toujours chez Albin -je ne lis plus non plus)
C'est chiant quand les auteurs français se mettent à faire de l'amerloque... C'est comme les versions frenchy des Experts : regardez (ou plutôt ne regardez pas) RIS. Vous vous souvenez de LABO
2000 quand vous êtiez petits? Ben, les Experts en France, c'est trois boites de LABO 2000 avec des acteurs qui ont trop regardé Les Feux de l'amour (oh, putain, les regards qu'ils se lancent!!!).
Vous pouvez éventuellement regarder ça, si vous avez un peu bu : dans ce cas, c'est drôle.
Mais revenons à nos livres. Encore et toujours chez Albin Michel (encore eux -je vais demander des honoraires!) vient de sortir le nouveau roman de Mikael Ollivier : La Promesse du
feu.
Dans le sud de la France, la saison des incendies commence par un premier feu meurtrier. Un homme crame dans son 4x4 (ça lui apprendra à avoir un 4x4). A côté du véhicule,
l'incendiaire fait des petits pas. Comme un rituel, une célébration.
C'est parti. L'été sera chaud.
Tout le talent de Mikaël Ollivier est de ne pas avoir recours lourdingue à l'art de la fausse piste far-fetched. La fausse piste qu'on voit venir de loin, grossière. Ici, le doute n'est pas
chez le lecteur : il est chez les personnages.
Tiffany, la petite amie troublante et troublée du carbonisé est dans les flammes. Elle est photographe. Elle est hanté par le feu et par un drame familial. C'est avec et sur Tiffany que
le lecteur va douter.
Très bien construit le polar de Mikaël Ollivier va vous mettre à l'épreuve. Vous aimez les puzzles? Non? C'est con, ça vous serait utile.
Mais l'auteur n'a pas oublié qu'un bon roman policier, ce n'est pas qu'une intrigue. Les deux frères mêlés à l'enquête (un gendarme et un policier) sont très attachants par leur faiblesses.
Et, en plus, ils aiment Springsteen -ce qui ne gache rien. Quelques citations, dont une magnifique (Is a dream a lie if it don't come true?), et des références plus discrêtes viennent nous
rappeler que l'auteur est aussi le biographe du Boss. (Tiens, pour la peine, je vais bientôt reposter l'entretien que Mikaël Ollivier nous avait accordé il y a quelques mois)
En plus des deux flics, il y a leur maman qui est adorable : elle cite Henning Mankell et elle a une vie sexuelle plus épanouie que ses deux fils réunis.
Voilà : c'est bien écrit, très rythmé et donc très efficace. Merci Mikaël, ça me réconcilie avec le polar à la française! (Souvenez-vous : le dernier Philip Leroy m'était tombé des
mains)
Du coup, j'ai continué avec un autre polar sauce Wasabi cette fois. Viviane Moore est née au Japon et ça se voit. Alors que sort le dernier tome de sa trilogie (ré-éditée chez les très
belles éditions Elytis), j'ai découvert son univers japonnais avec Tokyo des Ténèbres. La découverte d'un cadavre mutilé ouvre une série qui va réveiller de vieilles traditions
japonnaises et nous ammener jusqu'au phénomène inquiétant des Otakus (ces ados
qui vivent reclus dans le monde virtuel et imaginaire des mangas). Ce qui frappe dans le roman, c'est la poésie : du vieux peintre de l'instant au fleuve Sumida, les images sont
magnifiques. On entre dans un Japon contemporain étrangement passéiste et on continue l'enquête dans ce monde silencieux et mystérieux avec plaisir. Et la beauté du livre
participe à ce petit bonheur : bravo Elytis!
Visitez donc leur site :
http://www.elytis-edition.com/
et le site de Viviane Moore
http://www.vivianemoore.com
Signé Stéphane.