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SERENDIPITY

Hello, goodbye : sur La table des Autres de Michael Ondaatje - une lecture critique d'Alexandre

17 Septembre 2012, 13:57pm

Publié par Seren Dipity

 « Et quoiqu'il ait existé un paquebot nommé Oronsay (il y en a eut plusieurs Oronsay), le navire dans le roman est un produit de l'imagination. »

 

           C'est en partie une question d'immigration. Il y a un navire. Un navire9782879298184.jpg qui quitte Colombo en 1954. Des stewards qui accueillent ceux qui embarquent.  Et peut-être sur le pont, comme dans les films, des gens qui jettent des derniers regards vers le port et agitent les bras vers ceux rester à terre.

 

        C'est surtout un livre d'aventures. « Le sommeil est une prison pour un garçon qui a des amis à voir. Nous attendions la nuit avec impatience et étions debout avant que le jour se lève au-dessus du bateau. Nous mourions d'envie de continuer à explorer cet univers. » Une aventure qui occupe trois semaines de ballottements entre deux monde. Le Sri Lanka d'un côté. L'Angleterre de l'autre. Entre l'océan indien. La canal de Suez. Les côtes du Moyen Orient. La Méditerranée.

 

        Le garçon s'appelle Michael. Il quitte une famille qui n'est pas vraiment la sienne pour rejoindre une mère qu'il a quitté quatre ans auparavant. Il a onze ans. En embarquant il préfère s'isoler dans sa cabine plutôt que d'observer sa terre natale de la hauteur du pont.

        Ses nouveaux amis s'appellent Cassius et Ramhadin. L'un possède un esprit anarchiste et un tempérament exubérant, l'autre une santé fragile et un caractère calme.

        Ensemble ils explorent l'Oronsay et se font de chaque découverte une aventure. La nuit, embarqués dans un des canots de sauvetage ils observent les va-et-vient nocturnes. Volent des bribes de discussions. Partagent des cigarettes. Plongent dans la piscine dorée des premières classes. A l'aube ils pillent le buffet du petit déjeuner sur le pont supérieur.

 

        « Le statut de notre table sur l'Oronsay demeurait inférieur, alors que ceux de la table du commandant n'arrêtaient pas de porter des toasts à l'importance des uns et des autres. C'est la petite leçon que j'ai apprise au courant de la traversée. Ce qui est intéressant et important se déroule en secret, dans des endroits où ne réside pas de pouvoir. »

 

        A la table des autres, la plus éloignée de celle du commandant, ou ailleurs sur les ponts on croise des personnalités. Mr Mazappa, au savoir musical. Larry Daniels, qui cultive un jardin à bord du bateau et s'intéresse de très prêt à Emily la cousine de Michael. Sunil, l'esprit Hyderabadun membre de la troupe Jankla, le protecteur de la fille sourde. Miss Lasqueti, la dormeuse blanche comme un pigeon. Le baron C qui cherche des garçons athlétiques. Mr Fonseka et sa bibliothèque...

        La nuit on peut aussi croiser un mystérieux prisonnier:

        « Je l'ai vu. Se promener tard dans la nuit. Sous bonne garde. » « Vraiment » « Il paraît qu'il a fait quelque chose de terrible. » « Oui. On dit qu'il a tué un juge... Un juge anglais. Je ne devrais sans doute pas en dire davantage. »

 

                       

       

        Combien y en a -t-il  eut des Oronsay ? « Et quoiqu'il ait existé un paquebot nommé Oronsay (il y en a eut plusieurs Oronsay), le navire dans le roman est un produit de l'imagination. »

        Combien d'immigrés ne gardent de leur voyage qu'une photo ?  Combien d'entre eux recherchent leur identité tout au long de leur vie ? Combien de fils d'immigrés interrogent leur parents sur cet événement, cette migration ? Sans trop rien y comprendre à ce qui fut le monde d'avant, envoûtés par la magie d'un ailleurs qui leur est étranger. « Les trois semaines de mer, telles que je me les suis rappelées furent tranquilles. C'est maintenant seulement, des années plus tard, après que mes enfants m'eurent poussé à le raconter, que mon voyage, vu à travers leurs yeux, est devenu une aventure et même un événement significatif dans le cours de mon existence. »

 

Signé Alexandre

 


La Table des autres, Michael Ondaatje, Éditions de l'Olivier, traduction Michel Lederer.

 

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