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SERENDIPITY

Kiss this thing goodbye* : sur Le Braconnier du lac perdu de Peter May - une lecture critique de Cornélia

23 Février 2014, 16:45pm

Publié par Seren Dipity

Ça non, Fin Macleod ne s’attendait pas à cette première mission en tant que chargé de la sécurité d’un grand domaine de chasse et pêche sur son île natale de Lewis : prendre en flagrant délit et faire arrêter son ami de jeunesse Whistler, ex-membre d’un groupe de rock celtique que le jeune Fin a accompagné des années durant, et devenu un loup solitaire se fichant pas mal des réglementations anti-braconnage en vigueur. Mais il s’attendait encore moins à voir surgir d’un loch d’altitude brusquement asséché l’avion porté disparu de leur ami commun et leader du groupe, épave dissimulée depuis quinze ans sous ces eaux troubles, avec un cadavre atrocement mutilé à son bord ! Voilà Fin reparti en quête d’éléments de réponses parmi les spectres de son passé et de celui de ses proches. Comme s’il n’avait pas assez à faire avec la reconstruction d’une part de la maison de ses parents et celle, autrement plus compliquée, de sa relation avec Marsaili, son amour de jeunesse…

C’est avec bonheur que j’ai retrouvé l’ex-inspecteur de la police de Glasgow, Fin Macleod à l’occasion de la sortie en poche du troisième volet de cette série écossaise de Peter May à fort potentiel addictif. Si toutefois on peut parler de bonheur quand il s’agit d’un retour sur une île battue par les vents dans la peau d’un homme tourmenté par la mort accidentelle de son enfant et confronté une fois de plus à des meurtres sordides touchant de près à sa propre histoire ? Eh oui, quel plaisir en effet de retrouver l’univers sombre de cet auteur qui sait rendre des personnages taiseux, violents et écorchés par la vie si attachants, qui ménage si brillamment un suspense en nous faisant remonter patiemment les fils épars d’une intrigue qui s’est nouée des décennies en amont et qui nous donnerait presqu’envie malgré toute cette brutalité d’aller se promener sous la pluie fouettée par le vent sur les Hébrides (à noter d’ailleurs la sortie en fin d’année d’un magnifique livre de photographies de David Wilson, L’Ecosse de Peter May au Rouergue.)

Peter May joue à sa façon avec les codes du policier, dans la mesure où l’enquêteur principal n’est plus actif dans la police depuis son retour sur son île natale, c’est un homme désabusé qui doit affronter les démons de son propre passé pour démêler les racines d’un crime mystérieux, incroyablement imbriquées dans les vies des insulaires. Pas de recherche classique d’indices non plus, encore moins d’interrogatoires musclés, mais des bras-de-fer douloureux avec les souvenirs profondément enfouis et les secrets de famille jalousement gardés. Oui, il y a beaucoup de noirceur dans les âmes chez Peter May, de la rancœur, de la rivalité, du deuil, de la trahison, de l’amour-propre blessé et de la fragilité soigneusement camouflée.

Toutes les bonnes choses ont une fin - disent-ils, ainsi ce volume est le dernier d’une trilogie que d’aucuns auraient souhaité voir continuer…

 

Signé Cornélia

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* Puisqu'il faut bien dire au revoir... en chanson avec nos amis écossais de Del Amitri, ICI.

Merci Cornélia, cela m'a donné l'occasion de ré-écouter Del Amitri! Quelques bons morceaux dans les premiers albums, tout de même! CA ! ou CA ! Et celle-là que j'aurais dû utiliser pour le papier sur Bassignac, Former owner. Le site du groupe, LA.

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